Pour ce nouveau rendez-vous de Cuisine d’Archi nous vous emmenons en voyage dans le Sud de l’Italie. Et c’est dans la fraicheur d’un trullo que Flavia Irene Rodio nous raconte l’histoire de cette cuisine bucolique.
Flavia, peux-tu nous en dire un peu plus sur ArchRODIO et sur toi ?
Née en Allemagne j’ai toujours vécu à Florence. Et c’est dans cette ville d’art et d’histoire que j’ai suivi les pas de mon père en étudiant l’architecture. Travailler avec lui a toujours été une évidence pour moi, mais j’avais aussi besoin de me faire ma propre expérience. J’ai donc travaillé dans des agences berlinoises et florentines avant de, il y a presque six ans maintenant, devenir (avec Giuseppe Mancuso) associée d’ArchRODIO, l’agence créée par mon père il y a 40 ans. Aujourd’hui, les travaux de l’agence se nourrissent de nos trois regards et nous partageons notre temps entre Florence et les Pouilles. Notre quotidien est toujours en mouvement, et on aime beaucoup ça !
Une cuisine bucolique
Dans quel contexte avez-vous réalisé la cuisine dont tu vas nous parler aujourd’hui ?
Cette cuisine a été réalisée dans le cadre de la rénovation d’une masseria (ferme ancienne typique de la région des Pouilles) située à Ostuni, au cœur de la plaine des oliviers centenaires. Après des décennies d’abandon, les propriétaires nous ont demandé d’intervenir pour redonner vie au lieu en créant leur résidence d’été.
Notre sélection shopping : dans l’esprit de cette cuisine naturelle et champêtre, choisissez l’évier ZINA et le robinet LUCAS.
Une cuisine entre tradition et modernité
Quelles ont été vos inspirations et votre approche pour ce projet de cuisine ?
L’histoire de ce lieu est étroitement liée aux nombreux moments de convivialité vécus autour de grands repas que la ferme accueillait lorsqu’elle était occupée.
Aussi, dès nos premiers échanges avec les propriétaires, il est apparu comme essentiel de créer un lieu où l’on puisse perpétuer ces traditions. C’est pourquoi, nous avons choisi de travailler en mimétisme avec l’architecture existante. Ses formes, ses couleurs et ses matières mais aussi son paysage ont donc nourri notre réflexion tout au long du projet. Et puis, naturellement, la cuisine s’est imposée comme le point de départ de cette nouvelle histoire.
Pour bien dessiner une cuisine, il faut inévitablement se familiariser avec les habitudes et les rituels les plus intimes de ceux qui la vivent et porter son attention au-delà de la fonctionnalité et du confort qu’une cuisine doit nécessairement avoir. S’ouvrir sur un paysage, démolir un mur pour connecter des espaces et générer des lieux de communication, dessiner une étagère pour y poser les objets du quotidien… Sont autant de détails et de points d’intérêt qui stimulent et nourrissent notre travail.
Quel est votre rapport à la forme, à la couleur et à la matière?
Pour nous couleur, matière et forme sont indissociables. Leur combinaison et leur interaction, parfois surprenantes et curieuses, participent pleinement au caractère unique du lieu. De plus, si l’utilisation de matériaux naturels et durables est l’un des dénominateurs communs de nos projets, nous considérons aussi la lumière comme un matériau à part entière. Propre à chaque lieu, elle joue un rôle essentiel dans la perception des palettes à mettre en œuvre dans chacun de nos projets.
Comment cette approche se traduit-elle ici ?
Pour cette rénovation, le fil rouge a été le réemploi de matériaux et l’idée de revisiter la notion d’architecture vernaculaire. Ici cohabitent un sol en carreaux de ciment anciens et les lignes épurées d’un plan de travail en béton ton pierre. L’esthétique d’une gazinière rustique et le design rond d’un frigo vintage. La chaleur du bois et la minéralité des enduits. Un dialogue subtil entre tradition et modernité qui offre au projet une identité intemporelle.
Côté forme, nous avions dès le départ l’idée d’ouvrir la cuisine sur la salle à manger et de la connecter au jardin en retravaillant les ouvertures. Et puis le chantier nous a révélé de belles surprises. En effet, entre le trullo et la construction 18ème, nous avons découvert un ancien four. Bien qu’inutilisable, nous voulions absolument lui trouver une place dans le projet. Nous avons donc repensé l’aménagement de la cuisine et ouvert le four sur celle-ci créant ainsi la niche abritant la gazinière.
Enfin, concernant le salon/cuisine d’été, c’est un peu – là aussi – une marque de fabrique. En effet, lorsque le projet le permet, nous aimons recréer les espaces de vie comme la cuisine en extérieur. Pour nous ces espaces, si ils sont bien pensés, deviennent des espaces à part entière de la maison et transforment profondément son habitabilité.
Quel est ton ressenti par rapport à ce projet ?
Mon premier sentiment est d’avoir respecté l’essence du lieu. Les espaces sont conviviaux et les moments passés ici sont joyeux. Les propriétaires se sont d’ailleurs très vite approprié cette maison de vacances depuis devenue leur résidence principale !
Sa cuisine de rêve
Quel est ton propre rapport à la cuisine ?
Pour moi, la cuisine est synonyme de convivialité et de partage. Un « laboratoire culinaire » inclusif où l’on refait le monde et où se conjuguent les différents moments de la journée.
Du petit-déjeuner, moment pour moi crucial, calme et réflectif, au déjeuner souvent sur le pouce, en passant par le diner, moment de pause et de retrouvailles absolu, la cuisine ou pour être plus précise la table de cuisine, est pour moi le cœur de la maison.
Plus il y a de monde autour de la table, plus je suis heureuse !
Et ta cuisine idéale, elle ressemble à quoi ?
En réalité, je n’ai pas d’image précise de ma cuisine idéale. En revanche, certains éléments et matières m’inspirent beaucoup.
J’aime par exemple les feux individuels encastrés dans les plans en pierre naturelle, les teintes et les matières naturelles et chaudes, … Des éléments simples qui permettent une grande liberté de conception et d’utilisation. Et puis les frigo-objets aussi. Je ne saurais pas te dire pourquoi mais, depuis petite, ces derniers me fascinent !
Ma cuisine idéale serait aussi connectée à l’extérieur et aérée. Par exemple, bien qu’ils soient très utiles, je ne supporte pas les meubles hauts. Je trouve qu’ils encombrent l’espace. Qu’ils l’alourdissent. Je préfère l’idée d’habiller un pan de mur de colonnes ou d’un joli meuble pour stocker la vaisselle et libérer les dessus de plan de travail et gagner en fluidité.
J’aime aussi l’idée que la cuisine soit un vrai lieu de pause. Un espace lumineux où il fait bon lire, écrire ou rêver et depuis lequel je puisse profiter du paysage et des nuages en mouvement.
Oui, je crois que c’est un peu tout ça ma cuisine idéale. Un espace organisé et ouvert ponctué d’objets singuliers et propice à accueillir tous les instants du quotidien.
Et, pour finir, quel est selon toi l’ustensile ou l’élément déco à retrouver dans toutes les cuisines ?
Sans hésiter une belle table ! Pour moi, elle rassemble bien au-delà du repas. Table, plan de travail ou bureau, son usage est évolutif et invite à la pause, aux retrouvailles, à la création, à la réflexion, aux discussions et à la convivialité. Finalement, tout se passe autour de la table !
Merci Flavia d’avoir partagé ce moment en cuisine avec nous !
Photographies © Fabio Semeraro
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