Pour ce nouveau rendez-vous de Cuisine d’architecte, Sébastien Guéniot nous parle d’une cuisine sans artifice. Dans ce projet d’échoppe bordelaise, les matériaux sont bruts et la forme épurée pour une cuisine conviviale à petit prix.
Sébastien, peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?
Originaire de la région parisienne, je vis et travaille à Bordeaux depuis 2002. À mon arrivée ici, j’ai tout de suite été séduit par le fleuve. Par le contraste entre les deux rives avec d’un côté la ville de pierre et de l’autre, les coteaux boisés. Bordeaux est une ville basse où les échoppes offrent un véritable rapport au ciel. L’architecture d’ici donne une dimension humaine à la rue et cache de vrais cœurs d’îlots verts. Vingt ans plus tard, ces contradictions et ce rapport au paysage urbain restent une vraie source d’inspiration.
Une cuisine essentielle et économique
Dans quel contexte as-tu réalisé la cuisine dont tu vas nous parler aujourd’hui ?
Cette cuisine d’échoppe contemporaine, nous l’avons conçue en 2020 pour une famille monoparentale avec 2 enfants. La maison n’étant pas très grande, la cuisine s’est vite imposée comme l’espace de vie principal.
Pour ce projet de maison économique, il nous a semblé évident que la cuisine devait être à l’image du projet : ouverte sur l’extérieur, sobre et réalisée à moindre coût car, de mémoire, nous avions un budget de 2000/2100 euros pour la fourniture et la pose de cette cuisine équipée.
Quelles ont été tes inspirations pour ce projet de cuisine ?
La cuisine étant la pièce principale de la maison, l’objectif était de l’intégrer parfaitement à l’espace de vie. Presque de l’effacer. Pour ce faire, nous avons recherché une sobriété maximale. Une approche essentielle, presque brute, où les artifices techniques, les laques ou encore les matières ajoutées n’avaient pas leur place.
Dans les faits, la cuisine est intégrée à une longue bande servante présente sur tout le RDC de la maison. Les rangements de l’entrée se transforment en placards/étagères et laissent finalement place à la cuisine.
Dans ce souci d’ouverture et de discrétion que nous avions, cette dernière est composée uniquement de meubles bas dont le plan de travail a été réalisé dans le même bois, du contreplaqué pin, que les cloisons de la maison. Derrière les façades blanches se trouvent des placards, un lave-vaisselle, mais aussi deux tops : un congélateur et un frigo. Une astuce qui nous a permis d’éviter la colonne et de gagner du plan de travail.
Ici, seule la cuisinière reste une cuisinière. Indépendante et performante, son noir mat dialogue avec le poêle à bois situé de l’autre côté de la pièce.
Comment le projet a t-il évolué ?
Compte tenu des contraintes budgétaires et du parti pris architectural, le dessin de la cuisine a peu évolué.
A partir du moment où nous avons fait le choix de la simplicité constructive et d’une architecture sans doublages ni revêtements, seule la question de la couleur des façades s’est posée. Blanc ou vert foncé ? Et puis finalement, nous avons opté pour un blanc mat car il se mariait mieux avec le badigeon à la chaux qui recouvre les murs en brique de la pièce. La touche de vert de la cuisine, c’est le jardin !
Notre sélection shopping : dans l’esprit de la cuisine conçue par Sébastien Guéniot, retrouvez l’évier ANDANO et le robinet FILO.
Une cuisine ouverte sur le jardin
La cuisine/pièce de vie est très connectée au jardin, peux-tu nous en dire plus sur ce choix ?
Comme je te le disais tout à l’heure, le climat bordelais permet de vivre dehors une grande partie de l’année. Il faut en profiter !
Et puis, la maison étant petite, nous voulions jouer avec le jardin pour agrandir, visuellement et physiquement, l’espace. La cuisine/pièce de vie fait 22m² mais, grâce à cette baie vitrée toute largeur et la terrasse dans le prolongement, elle semble beaucoup plus grande qu’elle ne l’est en réalité. Une impression accentuée la nuit, grâce à l’éclairage de la terrasse le long du mur végétalisé.
De plus, le seuil encastré de la baie vitrée, qui crée une continuité entre l’intérieur et l’extérieur, ou encore la plate bande végétale le long de la terrasse, qui permet aux habitants d’avoir les plantes aromatiques à portée de main, sont d’autres détails qui viennent accentuer cette porosité entre le dedans et le dehors.
Bientôt, une pergola en polycarbonate sera aussi installée au dessus de la terrasse dans l’idée de pouvoir laisser, à mi saison, la façade ouverte par temps de pluie tout en préservant la luminosité de la cuisine !
Sa cuisine de rêve
Au delà de ce joli projet, quel est ton propre rapport à la cuisine ?
Pour moi la cuisine c’est l’espace de convivialité, le lieu généreux où toute la famille se retrouve autour du plaisir de bien manger, de boire un verre, de préparer le repas tout en faisant autre chose. C’est le cœur de la maison, un toit.
Et, pour finir, peux-tu nous dire à quoi ressemblerait ta cuisine idéale ?
J’aime les matières qui se suffisent à elles-même et qui se révèlent dans leur esthétique autant que dans leur usage. En ce sens, les vieilles cuisines un peu rétro avec leur plan de travail en céramique, leur évier timbre d’office et des étagères en creux dans des niches m’inspirent beaucoup.
Lieu convivial par excellence, j’imagine la cuisine de mes rêves comme une pièce lumineuse équipée d’une cuisinière ou d’un poêle à bois pour laisser mijoter de bons petits plats à partager en famille et entre amis autour d’une grande table en bois. À l’image du projet dont nous avons parlé, j’aimerais qu’elle soit largement ouverte sur l’extérieur ce qui n’empêcherait pas d’y retrouver de nombreuses plantes d’intérieur.
Mais, dans une toute autre idée, les cuisines cachées me plaisent aussi beaucoup !
Merci Sébastien d’avoir partagé ce moment avec nous et de nous avoir fait découvrir ce projet de cuisine !
Projet : Sébastien Guéniot
Photographies © Fabio Semeraro
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